Des nouvelles des anciens : Laura « Emilie Brandt, c’est sûrement l’épisode de ma vie que je referais exactement pareil ! »

« Les expériences ça sert (…) à se forger et à ne pas reproduire. »

Dans quelle classe êtes-vous arrivée à Emilie Brandt ?

Je suis arrivée à Emilie Brandt en dernière année de maternelle en 1989. A l’époque l’école était encore dans les anciens bâtiments, rue Mathilde Girault à Levallois. J’y suis restée jusqu’au CM2 l’année du départ à la retraite de Mademoiselle Roustin et son remplacement par Nadine Fleischmann, une femme remarquable qui m’a toujours soutenue.

Comment avez-vous vécu votre scolarité chez nous ?

Ma période à Émilie Brandt est pleine de bons souvenirs comme les classes vertes très libres et ludiques (tour des châteaux de la Loire, tour de Belgique…), les kermesses…

Même si je n’avais pas beaucoup d’amis, il n’y avait pas vraiment de méchanceté gratuite. Il y avait toujours une sorte de bienveillance collective.

Comment s’est passé l’intégration au collège ?

Très mal. Je suis passée d’une petite école que je connaissais depuis 5 ans (soit presque la moitié de ma vie), a un collège/lycée catholique privé à Neuilly-sur-Seine. La chute a été rude.

J’ai beaucoup somatisé des brimades de mes camarades. J’étais très jeune, j’avais presque 2 ans d’avance. Le harcèlement au Collège est devenu mon quotidien.

Cela s’est atténué lors de mon transfert dans un Collège public en 3eme puis au Lycée à Levallois.

Je regrette de ne pas avoir pu poursuivre dans le secondaire dans un établissement alternatif mais il n’y avait pas beaucoup d’options à l’époque. Les expériences ça sert aussi à se forger et à ne pas reproduire.

« Je ne me reconnais pas dans la dynamique du salariat (…), je vais donc m’atteler à façonner mon ´job de rêve’. »

Vous êtes la fondatrice de « Scoop me a cookie », c’est une belle aventure, pouvez-vous nous en dire un peu plus ?

J’ai eu un parcours scolaire ‘chaotique’ ou du moins atypique.

Après un BAC ES, je me suis orientée vers une prépa en mise à niveau d’arts appliquées à l’Ecole DUPERREE pour finalement bifurquer vers un BTS Audiovisuel. Je débute une formation de « régisseur plateau » sur les tournages de TV et cinéma. J’ai enrichie ma culture personnelle en terme de gestion (compta, droits de la propriété intellectuelle, contrats de travail, devis, débuts de la bureautique…) et cinématographique que ce soit dans l’organisation et la compréhension de la réalisation d’un support visuel.

Une fois diplômée, je cherche ma voie ayant réalisée entre temps que 1) organiser des buffets cela s’appelle être Traiteur et non Régisseur plateau 2) à ce moment de ma vie les métiers de bouche n’étaient pas une option de carrière 3) j’avais encore des choses à apprendre et je n’envisageais pas à 18 ans de faire un métier manuel.

Du coup mon choix se porte sur une Licence en Langues Étrangères Appliquées Anglais Espagnol. Je choisi le parcours proposé en Ecosse où je suis prise en École de Commerce publique à Edinbourg. Un parcours généraliste où chaque étudiant fait lui-même son planning en fonction de ses choix de matières. J’ai pu ainsi avoir accès à mes premiers cours d’entrepreneur et de marketing. Plus la digitalisation qui dans les années 2010 était inexistante en France.

Cette année à Édimbourg me permet de valider ma licence LEA ainsi qu’un Bachelor écossais en Management.

Je reviens en France trilingue à l’époque (anglais/espagnol).

Je souhaite continuer mes études et cherche un MBA/Master en anglais en France et pourquoi pas avec un rapport avec l’Hotellerie-Restauration.

En 2007 je rentre dans le programme MBA IMHI de l’ESSEC en cursus de 2 ans en alternance. Je suis prise comme Assistante du Directeur de la Restauration du Méridien Étoile à Paris.

En 2009 je suis diplômée de l’ESSEC avec une formation très généraliste et une spécialisation en entrepreneuriat. Mon Directeur d’apprentissage au Méridien Etoile de l’époque me propose de rester mais je cuisine sur tout mon temps libre. Mon chef de cuisine me propose de me placer chez un fournisseur de l’hôtel. Gérard Mulot. Je vais y apprendre les bases du métier de pâtissier, plus précisément de tourier (confectionner les pâtes des tartes, viennoiseries…). Qui me servira plus tard à façonner Scoop Me.

L’aventure est presque lancée.

A la suite de cette expérience je décide de faire quelques autres maisons mais je ne me projette pas dans les perspectives de mes diverses études, ni en pâtisserie traditionnelle. Je ne me reconnais pas dans la dynamique du salariat du haut de mes 25 ans non plus.

N’ayant pas de responsabilité à part payer mon loyer, je vais donc m’atteler à façonner mon ´job de rêve’. Même si 11 ans après le constat est mi-figue mi-raisin. Enfin tout n’est pas licorne et paillettes.

Du coup les bases de Scoop Me se sont faites sur les deux premières années. J’ai eu l’immense chance d’être hébergée et revendue par la marque de glaces au yaourt It Mylk à Odéon en plein cœur de Paris. Et de bénéficier de leurs points forts et de leurs échecs. J’ai donc pu sans risque tester et éprouver mon produit, mon offre, avec tout ce que j’avais appris depuis mon enfance et de toutes mes expériences.

Scoop Me a Cookie est par exemple une marque qui a à cœur de n’utiliser que de très bons produits et le plus possible directement sourcés chez le producteur avec le moins d’intermédiaires possible.

En parallèle nous avons développé une politique de zéro perte qui a éradiqué le gâchis.

Désormais notre mission numéro un est de proposer aujourd’hui à nos collaborateurs les meilleures conditions de travail et salariales pour qu’ils se projettent avec nous. Nous travaillons donc au quotidien pour améliorer nos process et la juste allocation de chaque coût.

Encore beaucoup de belles choses à venir mais qui ont nécessité du temps et de nombreux virages pour sembler rouler aujourd’hui 😊

Avez-vous gardé des amitiés qui datent de votre période chez nous ?

De mes années passées à étudier, j’ai gardé très peu de contacts.

Les deux personnes avec qui je suis encore en relation sont une camarade de lycée et Nicolas qui est d’ailleurs aujourd’hui notre Directeur Artistique, vidéaste, photographe officiel pour toute l’image de marque de « Scoop Me a Cookie ». Nous nous connaissons depuis presque 18 ans. Nous avons été formé à mettre en place ce type de prestations / tournages / shootings lors de nos études communes.

En MBA par contre, j’y ai rencontré des personnalités vitales à ce qu’est « Scoop Me a Cookie » aujourd’hui.

Maintenant si je n’avais pas grandi avec la diversité, l’inclusivité et la bienveillance d’Emilie Brandt lors de mon passage dans les années 90 je n’aurais sûrement pas été aussi réceptive ! Donc merci ☺️

PS: j’ai cherché quelques noms sur les réseaux sociaux… pour ceux qui me reconnaîtront 😊

Que vous reste-t-il d’Emilie Brandt ?

Cette adaptabilité, cet auto-challenge, cette responsabilisation, cette acceptation de la différence de l’autre, l’auto-apprentissage, l’acceptation de l’échec, la bienveillance.

Tout n’a pas été rose mais si je dois faire le bilan c’est sûrement l’épisode de ma vie que je referais exactement pareil !

Ne serait-ce que pour l’équipe encadrante et notamment Mme Fleischmann et sa famille

Avez-vous un message à faire passer à nos élèves ou à leurs parents ?

Par cette très longue histoire je souhaitais faire passer le message qu’il est important de conserver les particularités qui font le succès d’Emilie Brandt. L’école n’a pas besoin de notation ou de devoirs, pour être comme les autres écoles et pour rassurer les parents. Au contraire je souhaite encourager le développement de la pédagogie mise en place à Émilie Brandt surtout pour des profils qui ne s’adaptent pas bien au cursus standard.

Il m’a fallu des études très diverses, de nombreux établissements avec leur propre méthodologie, des échecs, des succès, une remise en question perpétuelle possible. Possible parce que petite j’ai vu faire tout cela pendant les premières années de ma vie et je n’ai développé de syndrome d’angoisse avec l’école qu’à l’arrivée au collège.

Parfois le chemin est plus sinueux que prévu, imprévu d’ailleurs. Il faut beaucoup de résilience. Ce qui m’a sauvée c’est le mouvement. C’est difficile de se projeter sur 5 ans. J’ai avancé pas à pas, année après année. J’ai appris de toutes mes expériences qui m’ont menée vers d’autres chemins pour arriver à ce qu’est « Scoop Me a Cookie » aujourd’hui avec ses bientôt 50 collaborateurs.

Après presque 8 ans d’études supérieures, puis 10 ans de création d’entreprise, aujourd’hui je tire les conclusions de ces 37 années d’expériences de vie et je me rends compte de la chance d’avoir bénéficié d’une scolarité à Émilie Brandt durant mon primaire.