Les enfants « précoces » représentent 2 % des enfants. Pour beaucoup la précocité rime avec « facilité », ce qui n’est pas toujours le cas. Comment identifier un enfant précoce ? Comment l'accompagner ? Quelques réponses.
Quels sont les signes évocateurs d’un enfant à haut potentiel intellectuel ?
Les enfants « précoces » ou « surdoués » ou « haut potentiel intellectuel » représentent 2 % des enfants quelque soient le milieu social et l’environnement familial.
Il s’agit d’enfants qui présentent une intelligence au dessus des normes. Pour beaucoup la précocité rime avec « facilité », ce qui n’est pas toujours le cas.
Il est important de noter que les enfants précoces ont des capacités qui doivent être développées. Un haut potentiel ne garanti pas la réussite et ces enfants peuvent également présenter des difficultés d’apprentissage ou même se retrouver en échec scolaire.
Il est important de noter que chacun des éléments décrits ci-dessous peut se retrouver chez des enfants qui ne présentent pas de haut potentiel. Il est nécessaire de réunir un faisceau d’arguments pour évoquer le diagnostic.
Concernant les apprentissages, ces enfants parlent en général tôt et très bien avec des phrases bien construites et un vocabulaire riche.
Ils apprennent à lire avant l’âge habituel et souvent seul.
Ils ont des capacités de compréhension et d’apprentissage plus rapides que celles des enfants du même âge. Ils interviennent de façon pertinente dans les discussions.
Leur mémoire est en général excellente. Ils peuvent apprendre très vite mais ne supportent pas d’apprendre « bêtement ».
Ils ont une opinion souvent très tranchée et veulent toujours avoir raison, et ils utilisent pour cela de nombreux arguments.
En revanche, le graphisme est un domaine d’apprentissage plus compliqué pour ces enfants, en particulier chez les garçons.
Les enfants précoces ont besoin d’être stimulés et s’ennuient facilement. Ils peuvent même se montrer distraits par moment mais faire preuve d’une grande concentration si le sujet les intéresse. Ils sont très curieux et veulent tout comprendre, tout savoir, tout découvrir.
Leurs centres d’intérêt sont particuliers. Ils sont attirés par des sujets comme l’astronomie, la préhistoire, l’histoire, la biologie et posent beaucoup de questions jusqu’à lasser leur interlocuteur. Ces enfants sont souvent passionnés par les encyclopédies, les dictionnaires.
Ils affectionnent également les jeux de stratégie.
Sur le plan affectif, ces sont des enfants très sensibles et très émotifs. Leur développement affectif et relationnel est le plus souvent en rapport avec leur âge biologique.
Ils demandent beaucoup d’attention à leurs parents et sont assez facilement dans l’opposition.
Comment savoir si un enfant est précoce ?
Il n’est pas toujours indispensable de faire le diagnostic de la précocité. Si l’enfant ne présente pas de difficulté sur le plan scolaire ou social, il n’est pas utile de lui faire passer des tests.
Pour les autres un test psychométrique (différents tests existent selon l’âge de l’enfant) auprès d’un neuropsychologue ou a minima par une psychologue est utile.
Les échelles de Wechsler se déclinent en 3 versions selon l’âge du patient :
– WPPSI : forme préscolaire du test pour les enfants de 2 ans 6 mois à 7 ans 3 mois
– WISC : de 6 ans à 16 ans 11 mois
– WAIS : de 16 ans à 79 ans 11 mois.
Pour comprendre comment s’interprètent ces échelles, il faut comprendre que lorsque l’on représente la distribution du QI dans la population, on obtient une courbe de Gauss.
La valeur statistique moyenne du QI est établie à 100 avec un écart-type établi à 15.
Cette courbe signifie que :
– 68 % de la population à un QI entre 85 et 115
– 95 % de la population à un QI entre 70 et 130
– 2 % de la population à un QI inférieur à 70
– 2 % de la population à un QI supérieur à 130
Attention ces échelles sont régulièrement mises à jour et il est indispensable que le praticien utilise la toute dernière version (pour la WISC, il s’agit actuellement de la WISC V). Les professionnels n’ont pas d’obligation à utiliser la dernière version du test, mais il s’agit de la seule version valide. Ces bilans sont très couteux, il vaut donc mieux être sûr qu’ils soient correctement effectués.
Ce bilan permettra entre autre d’évaluer le QI total de l’enfant mais surtout de voir ses compétences domaine par domaine (compréhension, raisonnement, évaluation visuo spatiale, mémoire de travail, …).
Quelles peuvent être les complications de la précocité ou les problèmes associés ?
Les enfants précoces peuvent être en difficultés tant que l’environnement qui leur est proposé n’est pas adapté.
Ils peuvent être isolés du fait du décalage qui existe avec les enfants de leur âge, des centres d’intérêts parfois très différents de ceux des autres enfants. Ils peuvent se montrer provocateurs ou perturbateurs.
Ils peuvent également présenter des troubles spécifiques des apprentissages associés (trouble du langage écrit (= dyslexie/dysorthographie), trouble développemental de la coordination (= dyspraxie), trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité)… Ces troubles peuvent avoir un impact majeur sur la scolarité des enfants.
Les enfants précoces peuvent présenter une dépression, le plus souvent à l’adolescence.
Les enfants précoces sont ils toujours de bons élèves ?
A l’école les enfants précoces ont tendance à s’ennuyer, à ne pas écouter et à bavarder. Ces enfants ne comprennent pas pourquoi les enseignants abordent en classe des notions qu’ils maitrisent depuis longtemps.
Ils n’aiment pas les tâches répétitives de l’apprentissage. Ils vont donc avoir tendance à rechigner à faire leur travail. Il est très important de leur donner des activités supplémentaires à réaliser pour répondre à leur soif d’apprendre. Ainsi les enseignants peuvent leur proposer des lectures supplémentaires, des exposés à faire, des recherches sur des sujets qui les intéressent.
Il peuvent être très distraits en classe (sans nécessairement présenter de trouble déficitaire de l’attention), faisant des erreurs d’inattention, justement parce que la tâche proposée est « trop facile ».
Il faut noter qu’environ 30 % des enfants précoces sont en échec scolaire au moment du collège. Il est donc important de les avoir diagnostiqués avant afin de leur proposer une scolarité adaptée
Quels conseils peuvent être donnés aux parents d’enfants précoces ?
Pour les devoirs : il est nécessaire d’introduire une dimension ludique et stimulante. Ces enfants se lassant assez facilement, il est nécessaire de proposer des challenges de rapidité, ne pas hésitez à utiliser un minuteur pour les tâches les moins motivantes.
Quels conseils peuvent être donnés aux enseignants d’enfants précoces ?
Ne pas hésitez à proposer des projets complémentaires (ateliers scientifiques…). Il est utile de demander à l’enfant d’approfondir certains sujets (en faisant un exposé ou des recherches sur un thème particulier). Il faut également limiter les tâches répétitives.
Comment faire la différence entre un bon élève et un enfant précoce ?
L’enfant bon élève est très scolaire. Il aime aller à l’école et est travailleur. Il répond correctement aux questions et a de bonnes notes.
Un enfant précoce aime apprendre et connaît déjà les notions expliquées à l’école. Il pose beaucoup de questions, aime la complexité, est inventeur. Il a tendance à rêver mais a de bons résultats avec une certaine facilité.
Article écrit par Gaëlle Foucher, maman de Louise (JE2)
Pour aller plus loin :
« 100 idées pour accompagner les enfants à haut potentiel » O. Revol (Editions Tom Pousse)
« L’enfant surdoué : L’aider à grandir, l’aider à réussir », J. Siaud-Facchin (Editions Odile Jacob)
« La famille zHaPatoou » F.Compère (Edition Tom Pousse).
Blog : « les tribulations d’un petit zèbre »
Site : Site de la Fédération ANPEIP : Association Nationale Pour les Enfants Intellectuellement Précoces