Prune Helfter-Noah est une habituée des bancs de l’école, elle qui a un parcours scolaire passionnant. Sa vie actuelle est bien remplie entre sa famille, son travail et ses engagements politiques. Aujourd’hui, Prune revient sur ses années à Emilie Brandt.
Prune arrive dans notre école à deux ans et demi, où elle fera sa scolarité, de la petite section au CM2, entre les années 1979 et 1987. S’en est suivi un parcours atypique et brillant, de Sciences Po Paris à l’ENA, en passant par l’Université de Kyoto, l’ESSEC et l’EHESS (l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales).
Prune est aujourd’hui magistrate à Toulon et engagée politique dans sa ville de Marseille.
En 2023, est paru « En finir avec l’école », un essai qu’elle rédige à la suite de son expérience familiale vécue lors du confinement.
Dans quelle classe êtes-vous arrivée à Emilie Brandt ?
J’ai fait toute ma scolarité à l’école Emilie Brandt, depuis la petite section de maternelle en septembre 1979 jusqu’à la fin du CM2 en juin 1987.
C’est moi qui ai, paraît-il, demandé à mes parents d’aller à l’école, alors que je n’avais pas encore trois ans, parce que j’avais envie d’y rejoindre mes deux cousines.
Comment se sont passées ces années chez nous ?
Je m’y suis toujours beaucoup plu, en ayant conscience de la chance qui était la mienne d’être accueillie dans un établissement sans devoirs à la maison, sans note, sans classement, ce qui n’était pas le cas dans les autres écoles.
Je me souviens des classes vertes, des thématiques de recherche annuelles, du travail réalisé en autonomie, des dictées, des copains, du fait que j’étais autorisée à ne pas descendre en récréation et à rester lire dans la salle de classe quand je le souhaitais…
Mes parents étaient très investis dans l’école et mon père venait parfois à l’école pour fabriquer du matériel pédagogique pour les Mathématiques notamment.
Avez-vous un souvenir en particulier qui vous a marqué ?
Plus qu’un souvenir en particulier, je me souviens d’être devenue passionnée par les oiseaux et d’avoir voulu devenir ornithologue après avoir réalisé un exposé, en classe de CE2 (qui s’appelait la 9e à l’époque) je crois.
Comment s’est passée votre intégration au collège après votre fin de primaire à l’Ecole Emilie Brandt ?
Très bien. J’ai eu la chance d’intégrer une classe danse-études, donc je n’allais au collège que le matin de 8h à 13h, ce qui m’a évité de longs moments d’ennui. Et nous étions seulement 9 élèves en classe de 6e !
En ce qui concerne le niveau scolaire, je n’ai eu aucun mal. La seule « adaptation » a été d’apprendre le vocabulaire de grammaire qui était différent de celui employé à Emilie Brandt. A l’époque, à Emilie Brandt, nous apprenions encore le prédicat (verbe), le monem (nom)…
Que vous reste-t-il aujourd’hui d’Emilie Brandt ?
Je suis persuadée que cette école m’a permis de développer mon goût pour les apprentissages en stimulant ma curiosité, indépendamment des rétributions symboliques que sont les notes, et sans pression. Chaque année on nous proposait un thème et on travaillait toute l’année autour de celui-ci. On apprenait facilement, convaincus que la vie était faite de découvertes, c’était comme un jeu.
C’est ici aussi que j’ai appris très jeune à travailler en autonomie, puis à partager mes expériences et mes connaissances avec mes camarades.
Quelle profession exercez-vous ?
Je suis magistrate, après avoir travaillé dans l’humanitaire. Je suis également élue locale et très investie dans le secteur associatif à titre bénévole.
Qu’est-ce qui vous anime dans votre métier ?
Je suis reconnaissante de pouvoir exercer un métier qui a du sens, qui remplit une fonction sociale importante, et qui sollicite ma réflexion.
Était-ce un rêve d’enfant ?
Je rêvais d’être danseuse étoile ! J’ai un peu évolué dans mes envies, même si j’ai intégré, un temps, une compagnie de danse contemporaine.
Vous avez écrit un livre paru en 2023, « En finir avec l’école : un projet de société émancipateur », suite à votre expérience vécue avec vos trois enfants pendant le confinement en 2020 où vous vous êtes aperçue qu’ils avaient très bien progressé sans enseignement formel. Vos enfants sont depuis scolarisés à la maison. Quelle serait aujourd’hui votre école idéale ?
Je pense qu’elle ne serait pas si différente de ce que j’ai vécu enfant, mais avec une offre d’activités plus diversifiées (artistiques, sportives, manuelles…), et une grande liberté laissée aux enfants et aux parents pour fréquenter l’école selon des horaires adaptés.
Avez-vous un message pour nos élèves ou leurs parents ?
Profitez de la chance qui est la vôtre en fréquentant l’école Emilie Brandt et devenez la meilleure version de vous-mêmes !
En finir avec l’école : Un projet de société émancipateur - Co-édition : L’Instant présent – Le Hêtre Myriadis
Comment l’école pourrait-elle nuire aux enfants et à la société ? En quoi en finir avec l’école (telle qu’elle est actuellement) est-il émancipateur ? Citant de nombreux auteurs, Prune Helfter-Noah nous propose un traité magistral sur ces questions qui interrogent toute la société.