Des nouvelles des anciens : Louis, la tête dans les nuages

"Je me souviens bien de cet entretien avec Nadine qui marquait le début d’une merveilleuse aventure qui a duré cinq années ! "

Savez-vous comment vos parents ont été amenés à vous inscrire dans cette école ?

J’ai intégré l’école Émilie Brandt en 1999 en classe de CP.

Mes parents cherchaient une institution adaptée à mes besoins. J’avais été diagnostiqué du trouble du déficit de l’attention avec hyperactivité (TDAH) qui rendait compliqué mes intégrations dans les établissements « plus conventionnels ».

Nous sommes rendus, mes parents et moi dans le bureau de Nadine. Je me souviens bien de cet entretien qui marquait le début d’une merveilleuse aventure qui a duré cinq années !

En quoi votre scolarité à Emilie Brandt était plus adaptée à vos besoins ?

J’ai eu du mal à m’en rendre compte plus jeune mais aujourd’hui, avec le recul, je dirais que la considération est une valeur à prioriser.

En effet, les enfants sujets au TDAH ne sont pas toujours compris, soit par le déni de leurs parents ou de leurs proches qui refusent que leur enfant soit « différent », soit par les institutions mêmes qui ne savent pas ou/et ne veulent pas prendre le temps de comprendre leur mode de fonctionnement.

J’ai toujours eu du mal, même aujourd’hui, avec les sanctions. Par principe j’aime comprendre pourquoi des règles sont établies, et dans quelles mesures elles doivent être respectées.

A Émilie Brandt, je me souviens que nous insistions beaucoup sur ces notions. Il ne s’agissait pas de me sanctionner car je n’avais pas suivi le règlement, mais plutôt pourquoi mon comportement n’était pas conforme avec celui-ci.

Comment s'est passée votre scolarité à Emilie Brandt ?

Vous dire que c’était un long fleuve tranquille serait vous mentir et a contrario le chaos total aussi…!

Une fois de plus je suis extrêmement reconnaissant du dévouement et surtout de la patience de toute l’équipe d’Emilie Brandt.

Pour résumer, je suis arrivé à l’école à l’issue d’un énième renvoi de plusieurs établissements. Je ne comprenais pas pourquoi on me changeait si régulièrement d’environnement et mes parents commençaient à désespérer.

Je me souviens de beaucoup de croix dans mon carnet, des visites mensuelles dans le bureau de Nadine. Mais je me souviens surtout que je parlais pendant des heures de mes journées d’école au dîner avec mes parents : comment je me suis occupé de la jardinière avec mon amie Charline, quel exposé j’avais choisi de présenter à mes camarades, pourquoi nous avons choisi avec mon copain Maxime de courir sous les couleurs de McClaren dans la cour de récré…

Concernant mes résultats, je n’ai jamais eu ma carte de fidélité à la facilité, j’ai toujours dû travailler dur pour valider les compétences. Toutefois, je n’ai jamais senti de compétition ni de rivalité entre nous.  C’est d’ailleurs plus tard que je le découvrirai, non sans mal, lors de mon intégration au lycée.

Quels sont vos principaux souvenirs d'une journée de classe ?

Je me souviens de beaucoup de travaux en groupe. C’était chouette, ils pouvaient prendre différentes formes.  J’aimais bien les exposés, c’était l’occasion de partager ses connaissances avec les copains. On se sentait important parce que nous prenions la place de la maîtresse pendant quelques minutes.

C’était assez anxiogène parfois, puisqu’il fallait maîtriser son sujet, trouver le juste milieu entre assertivité et doute raisonnable. Quand les travaux étaient dirigés en groupe c’était l’occasion pour nous de réaliser qu’on ne savait pas tout, qu’on ne savait pas tout faire, et qu’on avait besoin des autres.

En fin de compte on apprenait déjà -à nos dépends peut-être – comment s’adapter à un groupe, comment le fédérer, en développant des compétences importantes comme le leadership et le followership par exemple.

Comment s’est passée votre intégration au collège ?

Sur les conseils de Nadine, Sylvie et Corinne, nous avons décidé après la fin de mon cycle élémentaire de poursuivre ma scolarité au collège la Source à Meudon. C’est une structure qui offre des méthodes pédagogiques se rapprochant de celles proposées par l’école Émilie Brandt. Ainsi, je n’ai pas rencontré de difficultés particulières au cours de cette transition.

"Tout est réalisable, soutenez-vous, écoutez-vous et encouragez-vous les uns les autres."

Quelle profession exercez-vous aujourd’hui ?

J’exerce aujourd’hui la fonction d’officier pilote de ligne. Vocation qui est née en CP dans la classe de Sylvie !

Cette année là j’étais allé visiter le salon du Bourget avec mon père. Cette visite m’a beaucoup plu, j’ai alors décidé de faire un exposé à la classe sur le métier de pilote.

 

Après le secondaire quelle formation avez-vous fait pour être pilote de ligne ? A ce moment-là, le retour dans un cursus ordinaire n'a-t-il pas été compliqué ?

Après le secondaire j’ai décidé d’intégrer une classe préparatoire aux grandes écoles, en filière MPSI (maths physique, science de l’ingénieur) puis je suis parti une année pour travailler à l’étranger afin de progresser en anglais.

De retour en France, j’ai décidé de passer quatre années à l’Université en licence de mathématiques. En 2017 j’ai décidé de finir ma formation en intégrant une école en Angleterre pour passer mes dernières qualifications. J’ai commencé à exercer ma fonction d’officier pilote de ligne en 2018.

Pour moi, la transition a été difficile lors de mon passage en première.  Jusqu’en classe de seconde j’ai suivi le cursus Ecole Nouvelle et c’est donc assez tardivement que j’ai pris conscience de la réalité du système.

Ce qui m’a le plus marqué c’était cette course aux résultats, je prenais conscience que toute la classe se jaugeait, j’avais l’impression de ne plus travailler pour moi, mais pour mon statut vis-à-vis des autres. Par chance, j’ai réussi à m’adapter car je travaillais  sans perdre de vue mon objectif de carrière mais j’étais attristé de voir, même en prépa ou à l’Université, qu’une grande partie de mes camarades cherchait encore leur projet de vie.

Que vous reste-t-il de l’école Emilie Brandt aujourd’hui ?

Beaucoup de choses en réalité !

Je suis d’abord très reconnaissant du dévouement et de la bienveillance de toute l’équipe pédagogique qui a su m’écouter et m’accepter comme un individu à part entière.  Ils ont su croire en moi et m’ont permis d’accéder à mes rêves.

Dans cette démarche, j’ai donc naturellement décidé de continuer à grandir avec les valeurs de respect et de partage qui m’ont marquées lors de mon passage dans cette école.  Je dois dire que ça m’aide beaucoup au quotidien que ce soit à la maison pour faire face à une situation inédite, ou dans l’avion quand il s’agit de travailler avec mon équipage.

Quel message souhaiteriez-vous transmettre aux jeunes élèves et à leurs parents ?

J’aimerais insister sur l’importance de croire en ses rêves et en ses ambitions. Tout est réalisable, soutenez-vous, écoutez-vous et encouragez-vous les uns les autres.

Et le cursus Ecole Nouvelle est une chance unique de révéler l’immensité du potentiel de votre enfant.

Interview par Gaëlle Foucher